Villechantria

Village jurassien


Féodalités et sujétions


Le pouvoir des seigneurs et du clergé


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L’abbatiale de l’abbaye de Gigny
bâtie en 890 par Bernon, fondateur de Cluny

Il faut tenter de s’imaginer, autour de l’an mille et de la terreur qu’il inspirait, l’impact psychologique énorme d’un tel bâtiment massif érigé au milieu de maisons en terre, en bois et couvertes de paille. Le début de l’excellent film « Le Nom de la Rose » de Jean-Jacques Annaud, tiré du roman éponyme de Umberto Ecco, rend bien compte du caractère exceptionnel de ces constructions religieuses au cœur du moyen-âge (le film est pourtant censé se passer près de quatre cents ans après la création de Gigny ! En 890, l’impact devait être encore bien plus fort !).
En fait, au Xe siècle, presque tous les territoires de la haute vallée du Suran dépendent des seigneurs de Coligny et des abbayes de Saint-Claude et surtout de Gigny.

C’est en particulier le cas de Liconnas et Villechantria. Le nom de notre village est d’ailleurs le témoin de cette appartenance : littéralement la « ville aux chantres ». La célébration chorale des offices était alors l’activité principale si pas quasi exclusive des moines clunisiens.

Moyen-âge


Le premier document écrit que l'on possède sur le village est un accord, en 1191 entre le prieur Aimon de Gigny et Étienne II de Cholon, portant sur la protection que ce dernier déclare accorder à ces lieux (et plusieurs autres villages voisins) soumis aux risques variés de l'époque : invasions hongroises, guerres féodales, difficultés financières etc.
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Au début du XIIIe siècle, la paroisse de Villechantria figure dans les pouillés du diocèse de Lyon en tant qu’annexe de celle de Saint-Julien. Son église est dédiée à Saint Clair, célébré le 2 janvier.
Un château, dont il ne reste pas de vestige, a existé au sud de Liconnas, probablement au-dessus de la source Perrozan, et a été décrit dans un texte de 1390 où Fromont de Montmoret déclare « tenir en fief de Jean de Cholon ses maisons de Liconal, vergers, chazeaux, curtils, bois, meix, etc. ».


La proximité des Templiers


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Une chapelle, probablement fortifiée, la « commanderie des templiers » (?) existait sur la roche Saint-Maurice et figurait encore en 1758 sur les plans conservés aux archives et à l’hospice de Saint-Julien. Elle a sans doute été démolie pendant la révolution et il n’en reste que des ruines, dont l’emplacement est encore marqué par un groupe de trois tilleuls au-dessus du rocher.

Cette présence est à rapprocher du nom du village qui nous est mitoyen, Montagna-le-Templier, Celui-ci proviendrait du don à « l’ordre du temple de Montagnat » en 1227, de terres comportant les villages de Broissiat, Eperignat (actuellement Montfleur) et Sainte Fontaine (actuellement la Balme d’Epy), mais il n’est pas certain que les croisés destinataires de ces dons aient pu en profiter et n’aient pas tous péri en « terre sainte »…

Une page bien documentée et consacrée à l’histoire des terres de Savoie, évoque aussi bien l’histoire de Coligny et des croisés que les conflits incessants qui ont émaillé tout le moyen-âge pour la possession de tels ou tels territoires, et l’impact terrible des grandes pestes du haut Moyen-âge sur les ambitions des uns et des autres.